Faire face à une « guerre des talents »
grandissante
Bien souvent, les besoins réels sont sous-évalués, comme le souligne Elie Cohen, économiste, directeur derecherche au CNRS et professeur à Sciences Po : « Je crains une pénurie massive d’ingénieurs en Europe. Dans tous les métiers traditionnels d’ingénieur, et dans le numérique et les sciences de la vie. On n’a pas pris la mesure des besoins. »
En outre, on assiste à une baisse de l’attractivité des grandes institutions et des organisations traditionnelles chez les jeunes diplômés, qui préfèrent se tourner vers les start-up, travailler en freelance ou monter leur propre entreprise. Le désir de liberté est venu remplacer le besoin de sécurité.
Parallèlement, le déclin de la sélectivité comme symbole de prestige est notable. Laetitia Vitaud, de Medium Corporation, dans son article « Freelancing et management : repenser l’accès aux talents », le résume ainsi : « Plus la sélectivité est forte, plus le recrutement représente un goulot d’étranglement coûteux. Comme il est impossible de consacrer suffisamment de temps à l’examen de chaque candidature, le processus est nécessairement lent et bureaucratique. Le biais « malthusien » du recrutement sélectif provoque un désalignement entre l’objectif du recruteur (être sélectif) et celui de l’organisation (avoir les bons profils nécessaires au succès des activités stratégiques). »