Les compétences clefs de demain seront comportementales

par Août 5, 2021Best Practices, Competency Based Management (CBM), Leadership

La Quatrième révolution industrielle bouleverse presque tous les secteurs d’activité, partout dans le monde. Dans cette nouvelle ère, posséder de solides compétences techniques ne suffit plus. Les compétences comportementales, ou soft skills, sont de plus en plus recherchées. Demain, c’est le capital humain qui fera toute la différence…

Les compétences transversales plébiscitées

 

Les entreprises doivent aujourd’hui miser avant tout sur les compétences transversales, hautement stratégiques dans le contexte actuel de guerre des talents. Laurent Hurstel, Directeur chez Robert Walters[1], en est convaincu : « Les entreprises sont exigeantes vis-à-vis des profils qu’elles embauchent car les parts de marché sont difficiles à gagner. Elles cherchent donc des candidats capables de faire plusieurs métiers au cours de leur carrière. »

Selon le rapport sur le capital humain émis par le Forum économique mondial et intitulé « Se préparer à l’avenir du travail », voici le top 10 des compétences clefs qui seront requises en 2020 :

tableau les 10 meilleures compétences entre 2020 et 2015

 

 

On constate que quasiment toutes ces compétences clefs sont comportementales, avec pour trio de tête : résolution de problèmes complexes, pensée critique et créativité. En cinq ans, la créativité a ainsi gagné 7 places, tandis que l’intelligence émotionnelle a fait son entrée dans la liste, en bonne position.

 

 

Main de femme d'affaires qui touche un cube comme symbole de la résolution de problèmes

Des modèles à réinventer

 

Or, dans les écoles, ce sont encore les compétences traditionnelles qui sont mises en avant, avec une prédominance écrasante des capacités cognitives, au détriment du développement de la pensée critique ou de la collaboration. Les élèves sont très mal préparés à ce qui les attend réellement sur le marché du travail, comme le fait de devoir changer d’emploi plus ou moins régulièrement, voire d’inventer leur futur poste.

Les enfants ont une disposition naturelle pour l’apprentissage, qu’ils abordent d’eux-mêmes sous la forme du jeu. Cette aptitude est malheureusement entravée par les techniques scolaires classiques, notamment la mise en compétition systématique et la notation.

Encourager les enfants à apprendre par le biais d’expériences ludiques et positives les amène au contraire pendant toute leur croissance, et bien au-delà, à cultiver la pensée critique et la créativité, et à se frotter à la résolution de problèmes complexes. Et cela avant tout parce que cette méthode leur donne confiance en eux.

De la même manière, le recrutement puis la gestion de carrière sont à repenser pour être en adéquation avec cette logique de compétences, que les candidats doivent détenir pour obtenir un emploi, et que les salariés ont à développer tout au long de leur parcours professionnel, que ce soit pour évoluer sur leur poste ou pour en briguer d’autres.

Petite fille qui joue chez elle sur une petite voiture rose à imaginer voyager

Améliorer ses compétences comportementales, c’est possible !

 

Vous avez vous aussi reçu un enseignement traditionnel ? Pas de panique ! Contrairement à ce que l’on pensait il y a encore 10 ans, on sait maintenant qu’il est possible d’améliorer ses compétences comportementales grâce à l’incroyable plasticité du cerveau, qui le rend capable de se modifier par l’expérience. « Notre cerveau a la capacité de changer, de développer de nouvelles connexions neuronales, chaque jour, chaque heure, chaque minute. Et contrairement à ce que l’on a pensé jusque là, cette plasticité est un phénomène qui dure toute notre vie », confirme Christelle Laurent, coach en entreprise. Ce qui veut dire qu’avec de l’entraînement, on peut « reconfigurer » ses modes de fonctionnement. Les techniques modernes d’imagerie médicale ont permis aux scientifiques d’observer des changements parfois spectaculaires dans le cerveau de sujets ayant suivi certaines thérapies comportementales.

Pour vous démarquer tout en devenant pleinement vous-mêmes, vous pouvez par exemple apprendre à cultiver votre pensée divergente, qui conjugue différentes aptitudes : anticonformisme, curiosité, prise de risque, coopération, persévérance. Le but étant de « sortir du moule », comme nous y encourage Todd Rose[1] : « La société oblige chacun de nous à se conformer à certaines attentes limitées pour réussir à l’école, dans sa profession, dans la vie. Nous nous efforçons tous d’être comme les autres, ou plus exactement d’être comme les autres, mais un peu mieux », dénonce-t-il dans La Tyrannie de la norme.

Pour évaluer votre pensée divergente, faites le test du trombone, conçu par Ken Robinson[1], et qui consiste à imaginer le nombre d’usages d’un simple trombone : ferez-vous partie des 2% de personnes de plus de 25 ans capables de trouver d’autres façons d’utiliser cet instrument que celle d’assembler des feuilles ? Pour information, entre 3 et 5 ans, 98% des enfants sont des génies en pensée divergente…

Sources :

– Mirjam Schöning, World Economic Forum, « Les compétences dont votre enfant a besoin pour son futur emploi », https://www.weforum.org/fr/agenda/2017/10/la-competence-dont-votre-enfant-a-besoin-pour-son-futur-emploi-9d68f18a-5869-4784-b9a7-e4ad534272e9/

– Keljob, « Les compétences transversales, c’est quoi exactement ? », https://www.keljob.com/articles/les-competences-transversales-c-est-quoi-exactement

– Stéphanie Combe, « Sortez du moule », La Vie, 10 mai 2018

– Christelle Laurent, « Peut-on vraiment changer ? », http://www.christellelauret.com/neuroplasticite/peut-on-vraiment-changer/

 

Crédits photos :

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[1]Cabinet de recrutement international.

[1]Directeur du laboratoire pour la science de l’individu à Harvard.

[1]Expert en éducation, spécialiste du développement de la créativité et de l’innovation.